L’un des rôles principaux de l’Équipe producteurs est d’organiser régulièrement des visites chez les producteurs membres du Réseau. Ces visites sont essentielles pour le Réseau ; elles nous permettent de rester proches des producteurs et de leurs besoins. C’est aussi à travers ce lien que la transparence et le soutien peuvent trouver leur réalité.
Dernièrement, nous avons été visiter Koen de Rom à Geraardsbergen, ce qui n’avait plus été fait depuis bien longtemps malgré des contacts réguliers. Voici un bref compte-rendu, illustré à nouveau par les photos d’Agustina Peluffo.
Installé depuis 1988, Koen est un éleveur et fromager labellisé bio. Étant rentré dans le Réseau pour ses fromages de chèvres, il élève aussi des poules et des vaches Blonde d’Aquitaine (voir Newsletter de janvier).
En effet, si Koen était d’abord un chevrier, des maladies à répétition ont décimé son troupeau. Malgré qu’il ait fait appel à des experts pour en trouver la cause, ceux-ci n’ont toujours pas été en mesure d’identifier celle-ci. La seule indication qu’il ait reçu concerne son étable ; il devrait la démolir et la reconstruire entièrement avant de pouvoir reconstruire son cheptel.
Pour continuer son activité de fromager en attendant d’avoir à nouveau un cheptel, il doit donc acheter son lait de chèvre chez un autre éleveur labellisé bio.
Lors de la visite, deux mots nous ont sauté à l’esprit : autonomie et sociabilité.
Chez Koen, le mot autonomie prend tout son sens. D’abord pour son lieu de vie, mais aussi pour ses animaux qu’il élève avec passion.
Sa ferme est située sur un lieu ayant été habité depuis plusieurs siècles ; le corps de logis actuel est à quelques encablures du lieu historique, mais les sources d’eau lui permettent d’être autonome en eau. Il en va de même pour l’énergie avec l’installation récente de panneaux photovoltaïques lui fournissant assez d’électricité pour sa ferme.
Pour assurer son autonomie fourragère, il travaille sur 28 hectares desquels 18 lui appartiennent. Une partie est dédiée à sa grande prairie permanente dans laquelle les vaches paissent, mettent bas et élèvent leurs veaux toute l’année. Une autre prairie est consacrée aux taurillons et aux vaches réformées. Jouissant d’une assez grande liberté de mouvement, elles peuvent se déplacer de manière continue entre leur prairie, leur grande étable et les chemins aux alentours. Si elles étaient curieuses, elles pourraient passer leur tête par la fenêtre de la cuisine. Avec son troupeau de 35 vaches, Koen est à l’équilibre pour la taille de ses parcelles et ne désire pas grandir.
Le reste des terres est destiné à assurer la production de foin enrubanné pour l’hiver. Il y produit du triticale, de l’orge, du trèfle, du ray-grass italien, de la luzerne et de l’épeautre. Un mélange riche pour les animaux mais qui assure également la durabilité des cultures, tant au niveau de la fertilité du sol que pour la gestion des mauvaises herbes.
La fauche est assez tardive de façon à ce que l’herbe ait pu acquérir une certaine structure, qu’elle ait eu assez de lumière pour la photosynthèse et accumuler des nutriments. Pour lui, en début de saison, le foin ne serait pas assez riche et ne contiendrait que de l’eau.
Koen base la gestion de son système sur le bien-être de ses vaches : il les laisse vivre de la manière la plus naturelle possible, et évite de les stresser ou contraindre si ce n’est pas nécessaire. Pour lui, ses vaches sont aptes à vivre dehors toute l’année ; il mise d’abord sur leur bonne santé pour prévenir l’arrivée des maladies.
Quant à son côté sociable, Koen assure des échanges constants avec ses mangeurs lors de ses quatre marchés hebdomadaires.
Si l’agriculture est un métier souvent solitaire, il a trouvé la parade et un équilibre propre à lui-même.