Le CNCD-11.11.11 fournit un petit carnet de « 10 raisons de dire STOP » à cet accord. Pour moi, c’était important d’être là pour une raison : soutenir les agriculteur·ices d’ici et du continent sud-américain.
Alors, je suis belge et d’origine paraguayenne, j’aurais pu être en faveur de cet accord qui permettrait de rapprocher mes deux cultures, si celui-ci ne menaçait pas : l’environnement, le climat, notre santé et j’en passe.
Le paysage des monocultifs
Je ne vais pas m’étaler sur les arguments en défaveur de cet accord mais juste revenir sur ma dernière visite dans ma famille, en 2018, au Paraguay. C’est un voyage qui m’a profondément marquée parce que pour la première fois, on a joué les touristes et j’ai pu visiter le pays.
Guidés par une de mes cousines, on a pris la route direction Ciudad del Este, à l’Est du pays, au niveau de la frontière brésilienne. Ma cousine n’arrêtait pas de parler des paysages qu’on allait voir sur le chemin, la forêt à perte de vue, dense et verdoyante, bref, j’avais hâte d’y être. J’étais encore à moitié endormie quand j’ai entendu ma cousine qui cherchait mon attention. On allait arriver à un point clé du trajet, elle m’avait parlé d’une colline au cœur de la forêt qui surplombait le territoire et laissait le regard se perdre dans toute cette immensité. Je me suis donc réveillée doucement pour observer le paysage par la fenêtre. Ma cousine avait l’air un peu étonnée, on a encore roulé sur quelques kilomètres, elle avait pris cette route quelques années plus tôt, c’est possible qu’elle ait confondu ses repères. Je regardais les paysages défiler en attendant d’atteindre cet endroit dont elle m’avait tant parlé.
Même si mes souvenirs commencent à dater, je me souviens très bien d’une chose, la monotonie de ce trajet. Je suis restée éveillée – ce qui est assez rare pour moi en voiture – et sur des kilomètres, j’ai pu voir le même paysage se répéter. Le long de cette route et à perte de vue, des champs de soja. La seule chose qui venait ponctuer ce paysage uniforme c’était les énormes pancartes publicitaires, elles aussi assez peu diversifiées : insecticides par-ci, herbicides par là. Des campagnes publicitaires assez sobres, pas de grands slogans, surtout un gros logo bien connu de l’industrie des produits « phytopharmaceutiques » qui venait appuyer le triste décor. Finalement, on est arrivés à destination et je n’aurais jamais vu la fameuse forêt…
Un souvenir déchirant
L’accord de libre échange entre l’UE et le Mercosur, je le vois comme du carburant supplémentaire dans la machine qui détruit notre Terre. Je ne peux pas rester insensible alors que l’exploitation intensive, responsable d’une déforestation de masse, se cache derrière une image d’économie florissante. C’est un système qui n’est utile qu’à lui-même.
Je continuerai donc à me mobiliser et je garde espoir, car même si l’accord a franchi une étape, malgré la pluie, les associations, les citoyen·nes, les syndicats et les agriculteur·ices étaient présents jeudi dernier, à Bruxelles et en France.
Ensemble, nous continuerons, je l’espère à nous soutenir et faire front pour crier haut et fort STOP à cet accord.
📷 Credit photo couverture : Françoise Dvorak sur Facebook.
🔗 Pour en savoir plus :
→ stop-mercosur.org
→ toxictrade.org
→ united call by eurovia



