Les GASAP en Chine

Les GASAP sont allés en Chine ! Mais quelle est l’intérêt pour un Réseau travaillant avec des consommateurs locaux qui soutiennent des producteurs locaux d’aller si loin ? Non, vous n’aurez pas du riz dans votre GASAP.

Du 15 au 22 novembre était organisée la 6e Conférence International des CSA à Pékin. Par CSA, entendez Community Supported Agriculture, c’est-à-dire l’équivalent anglais de GASAP, AMAP, ou autres initiatives où les citoyens s’engagent à partager une part de risque avec les producteurs.

Nous y étions invités par le gouvernement chinois local ainsi que par les co-organisateurs, Urgenci. Car si les GASAP sont en constante évolution ici, nous faisons partie d’un mouvement mondial bien plus grand encore. On estime à 1,5 millions le nombre de personnes maintenant concernées par les CSA à travers le monde.

Urgenci est donc le réseau mondial visant à fédérer ces initiatives. Son rôle est de supporter la création de réseaux locaux, d’initier des projets en lien avec les CSA, mais aussi et surtout de faire du plaidoyer politique auprès des instances mondiales et de développer des partenariats avec les autres alliés. Car si les CSA concernent un domaine bien particulier, ce mouvement fait partie intégrante d’autres mouvements sociaux importants à travers le monde : celui de la souveraineté alimentaire, de l’économie sociale et solidaire et bien sûr celui de l’agroécologie.

Pour montrer l’importance qu’a pris le mouvement, Urgenci a maintenant une place dans le mécanisme de la société civile du Committee on World Food Security des Nations Unies. En un mot, ce comité s’assure depuis les années 1970 que les politiques mondiales concernant l’alimentation et la nutrition ne mettent pas en danger la sécurité alimentaire des populations. Depuis la réforme de 2009, un mécanisme impliquant la société civile a été mis en place pour garantir plus d’inclusivité et de représentation. Une première dans l’histoire des Nations Unies et à travers Urgenci nous sommes donc représentés ! Il fallait envoyer quelqu’un, Florian s’est donc sacrifié.

Au programme, deux journées de visites de fermes et coopératives chinoises, 3 journées de conférences avec des intervenants de Chine et du monde entier, et pour finir l’assemblée générale d’Urgenci.

dsc_0239.jpg

Un long voyage riche en rencontres, en voici quelques points marquants et un aperçu de nos visites en photos.

Découvertes agricoles

Si la Chine a axé son autonomie alimentaire sur l’utilisation massive et généralisée d’engrais et de pesticides de synthèse, les nombreux scandales des dernières années les ont obligé à revoir leur modèle. En effet, avec les conséquences environnementales désastreuses du modèle conventionnel menaçant leur capacité à produire et consommer, les alternatives sont maintenant regardées avec sérieux. Et si nous avons de graves problèmes de perte d’agriculteurs ici, les mêmes mouvement des campagne vers les villes ont aussi lieu.
Si l’agriculture biologique peut répondre à certains maux environnementaux, elle n’a pas encore réglé l’un des principaux problèmes : la perte de confiance des consommateurs.

C’est pourquoi l’intérêt dans les CSA s’est fortement développé ces dernières années, et il existe maintenant autour de 500 fermes CSA à travers le pays. C’est peu comparé à la taille du pays, mais le mouvement n’a commencé qu’il y a 6 ans avec Shi Yan sur sa ferme Shared Harvest dans la région de Beijing.
Nous avons donc eu la chance de visiter les hauts lieux du mouvement dans la région, mais aussi d’échanger sur les pratiques avec des agriculteurs chinois venant des 4 coins du pays et désireux d’en apprendre plus.
La fin des conférences fût marquée par la cérémonie de la création du réseau national chinois des CSA RRPGS (Rural Regeneration Participatory Guarantee System). Un moment unique et rempli d’émotion, nous attendons avec curiosité les prochaines années pour voir comment se développe le mouvement.

dsc_0226.jpg

Système de Garantie Participatif

Lorsque les consommateurs sont en contact direct avec les producteurs, quel espace peut être créé pour travailler en commun sur l’amélioration de l’alimentation, ainsi que pour définir par eux-mêmes ce que représente une alimentation de qualité ?
En effet, si le label bio présente de nombreux avantages et est une réelle avancée, il est sans doute plus adapté pour une chaîne de distribution avec des intermédiaires que pour notre modèle GASAP.

Car d’une part, en terme de gouvernance, il détermine à la place des parties-prenantes ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Et d’autre part il ne regarde que les éléments agronomiques et environnementaux sur la ferme, laissant de côté les aspects sociaux, culturels et économiques.
L’une des réponses les plus éprouvées sont les systèmes de garanties participatifs (SGP). Nous avons donc eu de nombreux débats et conférences sur le sujet, avec les experts mais aussi les parties-prenantes de tels systèmes, tant agriculteurs ou que consommateurs.

C’est pourquoi l’IFOAM (International Federation of Organic Agriculture Movements – la coupole mondiale du bio) prône des standards pour la labellisation « classique » mais aide aussi fortement à développer les systèmes de garantie participatifs à travers le monde. A savoir que les acteurs chinois ont même décidé de coupler la création des CSA avec celle de SGP.

C’est un sujet complexe et passionnant, mais trop long à résumer ici. Sachez cependant que nous allons en implémenter un, avec vous, au sein des GASAP ! Dès l’année 2016 nous commencerons à travailler dessus, il sera participatif au possible et l’ensemble des groupes et des producteurs seront consultés pour que nous sachions quels critères inclure et qu’est-ce qui vous importe réellement lorsque l’on parle d’un nourriture et d’une agriculture de qualité.

Visions de fermes
Ces photos ont été prises par Jérôme Dehondt, de la Ferme des Petits Pas, membre des AMAP. Il a toute notre gratitude pour ce partage.

dscf6691.jpg

dscf6680.jpg

dscf6682.jpg

dscf6683.jpg

dscf6741.jpg

dscf6737.jpg

dscf6733.jpg

dscf6730.jpg

dscf6672.jpg

FrançaisfrFrançaisFrançais